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article dans libération "le bébé mort est une personne"
"01/11/2002
Maryse Dumoulin est praticien hospitalier à la maternité Jeanne-de-Flandres de Lille, maître de conférences en éthique médicale et présidente de l'association Vivre son deuil Nord-Pas-de-Calais.
Le décès d'un nouveau-né en maternité n'est pas un événement normal et pourtant, régulièrement, des femmes se rendent en maternité pour accoucher d'un enfant mort ou qui va rapidement mourir. Cette mort du tout-petit au moment de sa naissance nécessite, de la part de ses parents et de toute sa famille, un véritable travail de deuil. Il s'agit d'un travail difficile puisqu'il s'agit de faire le deuil de quelqu'un qui n'a pas (ou peu) vécu :«J'ai envie de dire : qui est-on après un tel drame ? Je suis une maman, sans en être une vraiment, et je ne suis pas une maman, tout en en étant une quand même. Je me sens amputée de ce que j'étais avec cet enfant.» Maman de Louis, mort-né à six mois de grossesse.
En effet, bon nombre de ces enfants n'existent que depuis peu aux yeux de la loi (30 novembre 2001) et sont de véritables inconnus sociaux. Tout se passe encore trop souvent comme si «rien ne s'était passé», comme s'il n'y avait pas eu d'enfant. La femme n'est pas mère, elle n'a pas accouché : elle a fait une «fausse couche». Si l'enfant naît mort, il n'a pas obligatoirement de prénom, il ne peut pas être légalement reconnu par son père ni porter son nom. S'il s'agit du premier enfant mort-né d'un couple non marié, sa naissance ne peut pas donner lieu à l'établissement d'un livret de famille. Il n'existe pas (ou peu) de trace tangible de son existence ici-bas, si courte soit-elle. Les corps de ces tout-petits font rarement l'objet de funérailles. Dans ce cas, les textes juridiques parlent d'eux comme des «pièces anatomiques aisément identifiables» : «Je sais qu'en novembre, à la Toussaint, j'ai ressenti un manque terrible. J'avais envie d'aller voir ma fille quelque part avec des fleurs. A ce moment-là, j'ai eu besoin de la savoir concrètement quelque part et de lui témoigner mon amour.» Maman d'Adèle, mort-née à terme.
Ce déni social et juridique risque d'obérer le travail de deuil des parents. Pour les parents, au traumatisme du décès périnatal s'ajoute celui de la non-reconnaissance civile et sociale de leur enfant décédé et, par là même, la non-reconnaissance de leur douleur : «En ce qui me concerne, je poursuis mon chemin dans la perte de ma fille (que l'on s'est décidé à prénommer Héloïse), très isolée socialement (le cercle d'amis s'est réduit d'une manière que je n'aurais pas pu imaginer), avec une alternance très fatigante de hauts et de bas, et également avec beaucoup d'amertume et de frustrations face à l'incompréhension de la société devant ce que je vis ! Notre fille n'a existé que pour nous et ça me révolte !» Maman d'Héloïse, mort-née à 9 mois de grossesse.
L'enfant mort-né ou décédé très peu de temps après sa naissance n'en demeure pas moins un enfant pour le couple qui l'a conçu mais également un patient pour les soignants de maternité. Les équipes médico-administratives des maternités se doivent de mettre en place une prise en charge particulière de ces familles. L'accompagnement est destiné à donner davantage de réalité à l'enfant décédé et aider à l'inscrire dans l'histoire de sa famille pour permettre à ses parents de mieux s'en séparer et d'entamer leur deuil. Il a également pour objectif de prévenir d'éventuelles complications psychopathologiques chez la mère, le couple, les frères et soeurs déjà nés ou à venir.
Il s'agit, pour les soignants, de préparer et d'aider les parents à accueillir leur enfant décédé. Proposer de le voir, le toucher, l'habiller, le photographier, leur permet d'en garder des souvenirs, leur donne ainsi un corps à pleurer et matérialise la réalité de la perte. Le travail de deuil des parents peut ainsi s'enraciner. Permettre aux parents la possibilité de rituels funéraires religieux ou laïques à l'hôpital, aider à l'organisation des funérailles, créer des lieux de repos respectueux pour leurs enfants, c'est donner à ces petits enfants une existence sociale en les intégrant dans l'histoire de leur famille.
Pour les soignants de maternité, le travail d'accompagnement de ces familles est là pour donner acte : le décès périnatal est un événement majeur dont les effets à long terme ne peuvent être gommés. Le deuil de cette perte passe par l'acceptation du fait que certaines blessures ne guérissent jamais complètement, mais qu'on peut néanmoins vivre avec ces cicatrices.
Cet accompagnement exige de la part des soignants et des administratifs concernés une compétence professionnelle, mais aussi humaine (écoute, respect, disponibilité), qui nécessite une réflexion, une formation, une volonté spécifique et un travail d'équipe. Ce travail autour de la mort, bien que souvent difficile pour les personnels soignants et administratifs, toujours douloureux pour les parents, est source d'un enrichissement mutuel et un progrès vers plus d'humanité."
http://www.liberation.fr/tribune/0101429704-le-bebe-mort-est-une-personne
Maryse Dumoulin est praticien hospitalier à la maternité Jeanne-de-Flandres de Lille, maître de conférences en éthique médicale et présidente de l'association Vivre son deuil Nord-Pas-de-Calais.
Le décès d'un nouveau-né en maternité n'est pas un événement normal et pourtant, régulièrement, des femmes se rendent en maternité pour accoucher d'un enfant mort ou qui va rapidement mourir. Cette mort du tout-petit au moment de sa naissance nécessite, de la part de ses parents et de toute sa famille, un véritable travail de deuil. Il s'agit d'un travail difficile puisqu'il s'agit de faire le deuil de quelqu'un qui n'a pas (ou peu) vécu :«J'ai envie de dire : qui est-on après un tel drame ? Je suis une maman, sans en être une vraiment, et je ne suis pas une maman, tout en en étant une quand même. Je me sens amputée de ce que j'étais avec cet enfant.» Maman de Louis, mort-né à six mois de grossesse.
En effet, bon nombre de ces enfants n'existent que depuis peu aux yeux de la loi (30 novembre 2001) et sont de véritables inconnus sociaux. Tout se passe encore trop souvent comme si «rien ne s'était passé», comme s'il n'y avait pas eu d'enfant. La femme n'est pas mère, elle n'a pas accouché : elle a fait une «fausse couche». Si l'enfant naît mort, il n'a pas obligatoirement de prénom, il ne peut pas être légalement reconnu par son père ni porter son nom. S'il s'agit du premier enfant mort-né d'un couple non marié, sa naissance ne peut pas donner lieu à l'établissement d'un livret de famille. Il n'existe pas (ou peu) de trace tangible de son existence ici-bas, si courte soit-elle. Les corps de ces tout-petits font rarement l'objet de funérailles. Dans ce cas, les textes juridiques parlent d'eux comme des «pièces anatomiques aisément identifiables» : «Je sais qu'en novembre, à la Toussaint, j'ai ressenti un manque terrible. J'avais envie d'aller voir ma fille quelque part avec des fleurs. A ce moment-là, j'ai eu besoin de la savoir concrètement quelque part et de lui témoigner mon amour.» Maman d'Adèle, mort-née à terme.
Ce déni social et juridique risque d'obérer le travail de deuil des parents. Pour les parents, au traumatisme du décès périnatal s'ajoute celui de la non-reconnaissance civile et sociale de leur enfant décédé et, par là même, la non-reconnaissance de leur douleur : «En ce qui me concerne, je poursuis mon chemin dans la perte de ma fille (que l'on s'est décidé à prénommer Héloïse), très isolée socialement (le cercle d'amis s'est réduit d'une manière que je n'aurais pas pu imaginer), avec une alternance très fatigante de hauts et de bas, et également avec beaucoup d'amertume et de frustrations face à l'incompréhension de la société devant ce que je vis ! Notre fille n'a existé que pour nous et ça me révolte !» Maman d'Héloïse, mort-née à 9 mois de grossesse.
L'enfant mort-né ou décédé très peu de temps après sa naissance n'en demeure pas moins un enfant pour le couple qui l'a conçu mais également un patient pour les soignants de maternité. Les équipes médico-administratives des maternités se doivent de mettre en place une prise en charge particulière de ces familles. L'accompagnement est destiné à donner davantage de réalité à l'enfant décédé et aider à l'inscrire dans l'histoire de sa famille pour permettre à ses parents de mieux s'en séparer et d'entamer leur deuil. Il a également pour objectif de prévenir d'éventuelles complications psychopathologiques chez la mère, le couple, les frères et soeurs déjà nés ou à venir.
Il s'agit, pour les soignants, de préparer et d'aider les parents à accueillir leur enfant décédé. Proposer de le voir, le toucher, l'habiller, le photographier, leur permet d'en garder des souvenirs, leur donne ainsi un corps à pleurer et matérialise la réalité de la perte. Le travail de deuil des parents peut ainsi s'enraciner. Permettre aux parents la possibilité de rituels funéraires religieux ou laïques à l'hôpital, aider à l'organisation des funérailles, créer des lieux de repos respectueux pour leurs enfants, c'est donner à ces petits enfants une existence sociale en les intégrant dans l'histoire de leur famille.
Pour les soignants de maternité, le travail d'accompagnement de ces familles est là pour donner acte : le décès périnatal est un événement majeur dont les effets à long terme ne peuvent être gommés. Le deuil de cette perte passe par l'acceptation du fait que certaines blessures ne guérissent jamais complètement, mais qu'on peut néanmoins vivre avec ces cicatrices.
Cet accompagnement exige de la part des soignants et des administratifs concernés une compétence professionnelle, mais aussi humaine (écoute, respect, disponibilité), qui nécessite une réflexion, une formation, une volonté spécifique et un travail d'équipe. Ce travail autour de la mort, bien que souvent difficile pour les personnels soignants et administratifs, toujours douloureux pour les parents, est source d'un enrichissement mutuel et un progrès vers plus d'humanité."
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pauline- Messages : 103
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